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mercredi 27 septembre 2017

La restitution 3D du Théâtre Antique romain d’Orange.



Maxime Tertio consultant web La restitution 3D du Théâtre Antique romain d’Orange.
Passion archéologie
Je suis un grand passionné d’archéologie depuis mon enfance. J’ai toujours aimé me tenir informé des dernières trouvailles archéologiques dans le monde. Dès les premières orientations scolaires qu’il nous a été demandé d’envisager au collège, les deux pistes principales qui se sont ouvertes à moi ont été infographie et archéologie. Cela me fait sourire aujourd’hui car je pouvais difficilement faire mieux qu’une infographie axée archéologie avec la restitution 3D du Théâtre Antique romain d’Orange.



Vie associative
Au cours de mon adolescence, vers mes 15-16ans, j’ai rejoint à Orange l’association Les Princes d’Orange de Franck Bauduin. Sa mission était de préserver et mettre en valeur les ruines du château des Princes d’Orange (Baux, Chalon, Nassau). Cela a duré quelques années pendant lesquelles j’ai d’une part suivi un an en Histoire à l’université d’Avignon et des Pays du Vaucluse avant de me réorienter en langues, et d’autre part effectué un stage aux archives municipales d’Orange. J’ai ensuite laissé toute cette partie de ma vie un peu de côté quand j’ai continué mes études sur Montpellier et commencé à vivre mes premières expériences professionnelles. Mon cheminement de vie m’a finalement ramené aux sources et je me suis ré-intéressé au patrimoine orangeois sous l’impulsion de l’APOO de M.Damiot qui cherchait à faire des modélisations 3D et des restitutions à partir des vestiges existant sur la colline Saint-Eutrope d’Orange.

Le Théâtre et la 3D
C’est ainsi que j’ai débuté la modélisation 3D du Théâtre Antique d’Orange qui à l’heure actuelle n’est pas terminée. Je me suis efforcé de m’appuyer un maximum sur des données et des observations fiables. Ma plus grande difficulté : le manque de mesures, dimensions et le fait que certaines parties du Théâtre aient été démolies. J’ai du pousser mes compétences à l’extrême limite de leurs possibilités. En effet, si modéliser une arche reste relativement simple et à la portée de tout infographiste 3D qui se respecte, modéliser une série d’arches qui s’enchaînent à intervalles réguliers le long d’un arc de cercle n’est plus la même paire de manches. Idem pour les gradins du Théâtre qui reprennent évidemment le principe de l’escalier mais encore une fois en arc de cercle. Toujours avec l’idée de coller au maximum à la réalité mais sans les mesures précises, pour malgré tout avoir le bon nombre de marches, le bon nombre d’arches, à la bonne hauteur, avec le bon écartement etc…

Les sources
Une modélisation 3D de cette ampleur nécessite un travail préparatoire de fond. C’est ainsi que je me suis tourné vers des sources écrites comme celles laissées par Vitruve, architecte romain du 1er siècle, le service départemental d’archéologie du Vaucluse, les livres de La Pise ou de Chave, ou bien celles sur Wikipédia et bien d’autres sites internet. L’observation sur le terrain est également primordiale et je la recoupe très souvent avec mes lectures. Malgré tout ce travail, il peut être difficile d’obtenir un résultat fiable ou de retrouver une information sur une partie manquante. L’hypothèse entre alors en jeu et dans une démarche d’honnêteté visant à éloigner tout fantasme j’essaye de rester proche de ce qui a pu être réellement par le passé pour réaliser des infographies fiables voire de référence.

Elements du théâtre
Deux basiliques, un mur de scène, une cavea, des accès et portiques couverts. Autant d’éléments clairement présentés par Vitruve dans « De Architectura ». Il nous y laisse de nombreuses informations techniques. Les restes de ces parties sont suffisamment préservés pour s’en faire une bonne image aujourd’hui. En revanche, il ne reste plus rien de certains éléments. Les aires à portiques ou promenoirs couverts à colonnades situés derrière le mur de scène ont disparu. Vitruve conseillait d’en construire pour offrir une protection contre les intempéries au peuple surpris en plein spectacle. Double portique en fonction de l’exposition aux éléments naturels. On apprend également qu’un velum ou voile de protection couvrait vraisemblablement les spectateurs pour leur éviter d’être assomés par la chaleur du soleil. Une machinerie et un ensemble de mâts et cordages permettaient de manœuvrer ce voilage avec à priori une douzaine d’hommes seulement (anciens marins ?). Un autre, Chave, nous rapporte que la partie au pied du grand mur de scène – côté nord – servait à l’entrainement des jeunes hommes de la cité à la course à pied, entre autres. Ils couraient du couchant vers le levant où se trouvaient des thermes. Peut-on parler d’un gymnase au sens antique du terme à cet endroit ?

Eclat millénaire
Le Théâtre Antique d’Orange avec sa pierre sableuse dorée caractéristique qui semble changer de couleur en fonction de la lumière du jour – et capricieuse et difficile à restituer en 3D lol – n’a pas fini de nous émerveiller. Déjà mondialement reconnu pour ses Chorégies d’Orange et tous les spectacles qui peuvent s’y dérouler à la belle saison, le Théâtre brillera de plus belle une fois la campagne de restauration engagée par les services de l’Etat terminée. La noblesse et le prestige d’un temps fort éloigné rejailliront alors de ce grand mur mythique du haut duquel deux mille ans d’Histoire nous contemplent.



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